Initiée par le COMDT en 2005-2006, une opération de collectage effectuée par Pascal Caumont dans plusieurs vallées des Hautes-Pyrénées avait permis de donner des premières informations, de rencontrer des praticiens, sur le thème de la polyphonie religieuse. Ces informations et ces contacts furent proposés à Jean-Christophe Maillard qui rencontra à plusieurs reprises l'informatrice Alexine Saint-Martin au village d'Arbouix, ainsi que deux des chanteuses qu'elle avait formées au début des années 1960, Nadèta Carita et Teresa Pambrun. Il enquêta également auprès de Joan-Loís Lavit, mémoire vivante de la culture du val d'Azun, puis en Marquisat avec Louis Médaillon et Bernard Miqueu qui avaient eux aussi pratiqué ces chants. En val d'Azun il rencontra et enregistra d'autres "anciens".
Le répertoire collecté comprend environ une vingtaine de chants en latin, en grec et en occitan gascon. Tous les chants sont à plusieurs voix, essentiellement à trois parties, la mélodie étant dans ce cas systématiquement au milieu, comme dans le répertoire profane.
Le chant sacré en Bigorre, à l'instar du chant profane, s'est réalisé traditionnellement en polyphonie. Comme dans les aires voisines du Béarn, de Catalogne, de l'Aragon, chanter à l'office en latin ou en grec était l'occasion d'apposer différentes voix, au-dessus et au-dessous de la voix principale, de façon à réaliser un espace sonore, cher à la communauté villageoise ou valléenne. La comparaison entre la polyphonie profane et la polyphonie sacrée est très intéressante à étudier dans les Pyrénées mais également en Corse et en Sardaigne.
En Corse le son du Cantu in Paghjella a forcé les portes des églises, porté par la forte culture vocale des chanteurs, en général exclusivement masculins. En Sardaigne c'est le son du Canto a Tenore qui a souvent investi les églises, interprété par les hommes. Le son du chant profane n'a donc pas toujours été changé, il s'est invité aux offices. En Bigorre également, les techniques d'émission n'étaient pas différentes, et de plus, étonnamment, les chants étaient toujours mixtes. Selon nombre de témoignages et de collectages, beaucoup de chanteuses ont participé à sa réalisation et également à sa transmission.
Très apparentés aux chants collectés dans les montagnes catalanes du Pallars (cf. les collectages de Jaume Ayats notamment), les chants sacrés de Bigorre ont été interprétés parfois jusque vers 1970-1975 en Val d'Azun et en Davantaygue. Les mémoires sont donc encore nombreuses pour retransmettre ces chants, leur transmission, leur style et leurs différentes voix.
Texte rédigé par Pascal Caumont
Au total ce sont plus de 4h d’enregistrements vidéos que Jean-Christophe Maillard a confié au centre de documentation peu avant son décès en 2015 afin qu’ils soient décrits et mis à disposition du public. La description documentaire a été effectuée en collaboration avec Pascal Caumont et les séquences vidéos sont consultables en ligne grâce à l’aimable autorisation des ayants droit de Jean-Christophe Maillard et des interprètes enregistrés. Merci à eux.
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