LES SAUTS BASCO-BEARNAIS
HISTOIRE ET AIRES CULTURELLES
Le saut est une danse que l’on retrouve traditionnellement en Labourd, Basse-Navarre, Soule et Béarn (cf. carte), dans le département des Pyrénées-Atlantiques.
source : www.francebalade.com
Le terme de « saut » a pu désigner de manière générique un type de danse en France mais s’est ensuite conservé en particulier dans le Sud-Ouest. Il a d’abord été employé pour le rondeau gascon mais c’est ensuite au Pays Basque et au Béarn que cette famille de danses s’est développée dès la seconde moitié du XVIIIè siècle. Les sauts basco-béarnais peuvent être apparentés aux mutil danza (versant espagnol des Pyrénées).
Traditionnellement il s’agit de danses d’hommes (du moins en public). Elles sont aujourd’hui également dansées par les femmes, qui les pratiquaient autrefois dans l’intimité des foyers.
Transmises par un « maître à danser », les jeunes garçons pouvaient les apprendre dès l’âge de 11-12 ans. Cet apprentissage pouvait constituer un rite initiatique.
Les sauts peuvent avoir une fonction sociale, étant parfois à vocation rituelle (comme pour le saut Mariana qui serait une danse de deuil). Ils peuvent également avoir une fonction récréative.
FORMES DE LA DANSE
Pour danser les sauts, les danseurs sont disposés en cercle, en file indienne et enchaînent des pas précis dans un ordre défini. Il s’agit d’une danse collective, voire communautaire, bien que les danseurs ne se tiennent pas la main dans le cercle. Ce caractère collectif tire son origine de la parenté des sauts avec le branle (danse en chaîne) dont ils ont conservé les changements de direction effectués vers le centre du cercle.
Les sauts basco-béarnais sont considérés comme difficiles d’exécution. On peut distinguer des sauts courts (répétitifs) et des sauts longs (énumératifs), les sauts les plus longs nécessitant à la fois le plus de mémoire et de maîtrise des pas requis. Ainsi, on retrouve :
-parmi les sauts longs : le Monenh, Petit Agnoa, le Mochico, le Laborg, Charmantina, la Craba
-parmi les sauts courts : Pantelon, Peiroton, la Mariana, Dus, la Piga, le Saut de Satan, la Gavòta
Selon les sauts et les aires culturelles, les danseurs peuvent exprimer leur virtuosité par des variations de pas, toujours dans le cadre défini par le saut. Certains danseurs effectuent un mouvement de ciseaux pour démontrer leur agilité.
photo d'un groupe de danseurs de Bielle à Nousty (64) en septembre 1971. Fonds Marinette Arristow (coll. COMDT)
MUSIQUES DES SAUTS
Musicalement les sauts gardent parfois le souvenir d’un branle particulier (début XVIIIème) ou de contredanses (seconde moitié du XVIIIème) qui montrent que les musiques ont à l’occasion été empruntées à la musique savante par les traditions régionales.
Chaque saut porte un nom distinct (dont la traduction varie selon l’aire culturelle) auquel correspond une musique et un enchaînement de pas précis. Il existe une profonde corrélation entre l’enchaînement des cellules musicales et les pas, qui sont parfois énoncés soit par anticipation (notamment au Pays Basque), soit en même temps que le pas lui-même.
La musique des sauts est en principe instrumentale (flûte et tambourin à cordes et/ou violon, qui permet d’annoncer les pas en même temps que le jeu de l’instrument). Elle est aussi aujourd’hui souvent chantée. Leurs paroles sont principalement à visée mnémotechnique. Le nom des pas est ainsi énoncé - ce sont les « mandes » - en alternance avec des « traderei », syllabes chantées « au tralala ». Il peut y avoir des encouragements vocaux, quelques cris qui servent à relancer la danse.
Vidéos de sauts :
vidéo d'archive du saut Peiroton (fonds Francine Lancelot)
Mochico par Anna Rheingans et Sylvain Masseillou (musiciens), Camille Lainé et François Fock Chow Tho (danseurs)
Mariana par le duo Corbefin-Marsac
Livres et CD Archives sonores et audiovisuelles